Mindelo

Publié le par Daniel

De Palmeira (île de Sal) à Mindelo (île de Sao Vicente) il y a 120 NM, soit environ 20 h de navigation. Nous sommes partis le 9 janvier vers 17 h et arrivés vers Midi, le lendemain après une traversée sans histoire, sous vent de Nord-est et une mer hachée par une houle croisée et abrupte. Des conditions inconfortables mais sans problème.
La marina de Mindelo a changé l’aspect de la baie. Autrefois, il y avait des dizaines de bateaux au mouillage et le va-et-vient incessant des petites barques des locaux dont c’était le gagne-pain de faire la navette avec la terre pour les plaisanciers. Aujourd’hui, la place des mouillages a été considérablement réduite mais il y a encore beaucoup de possibilités pour ceux qui ne veulent pas utiliser les facilités de la marina. L’ensemble n’est pas laid et a surtout pour immense avantage d’avoir sécurisé toute la zone.
Avec Jean-Luc, nous nous affairons à nettoyer le bateau, à faire les pleins (eau et gas-oil) et à procéder au complément d’avitaillement dans la perspective de ne rester que 24 h.
Et c’est effectivement le 11 janvier après-midi, vers 17 h, que nous appareillons pour le grand saut vers les Antilles.
Un petit incident, sans gravité, nous fait rapidement faire demi-tour : un point dur dans la barre, remarqué juste à la sortie de la baie, nous conduit à revenir mouiller pour vérifier tout le système de barre. En réalité, la roue, dont l’axe est maintenu d’un côté par un roulement à billes et de l’autre par un coussinet a pris du jeu avec l’age côté coussinet et, après un graissage copieux, il n’y parait plus. Dans tous les cas, elle ne serait jamais bloquée, au contraire puisque le jeu ne peut qu’augmenter. En fait, c’était la friction métal-métal qui donnait l’impression d’un léger dur mécanique. Mieux vaut être prudent … ! nous ne regrettons pas notre décision.
A 21 h, l’ancre est au davier et notre étrave pointée vers l’ouest. La mer s’est un peu calmée par rapport à son état lorsque nous sommes arrivés hier matin et le vent très portant nous emmène dans un courant favorable dans le canal entre Sao Vicente et San Antao. Tout va pour le mieux et nous sommes en train de dépasser la pointe la plus à l’ouest de San Antao, c'est-à-dire que nous sortons du canal et abordons l’Atlantique dans sa grande dimension quand, vers 1 h du matin, ce que je crois être « la goutte au nez » s’avère être une hémorragie nasale qui devient rapidement très importante : un flot continu de sang par les narines et, parfois, par la bouche ! impressionnant et … inquiétant ! Je suis penché au dessus de l’évier de la cuisine et ne puis rien faire d’autre que d’essayer d’étancher cette « fuite ».
Jean-Luc, qui a eu l’excellente idée d’emmener un téléphone « Irridium », joint rapidement son épouse en France, qui appelle le CROSS, lequel nous rappelle dans les minutes qui suivent et nous met en relation avec le service d’aide médicale aux gens de mer, sis à Toulouse et qui veille 24 h sur 24. Nous avons un médecin en ligne qui nous conseille utilement et nous rassure. Cependant, nous prenons la décision de faire demi-tour et mettrons 8 h à faire en sens inverse le chemin que nous venions de faire en 4 h ! L’hémorragie, elle, a duré plus de 2 h.
Je veux rendre hommage ici, d’abord à Jean-Luc qui a fait preuve de beaucoup de sang-froid et qui a montré, en cette circonstance, qu’il savait parfaitement maîtriser un voilier, sans oublier son épouse, qui, réveillée en pleine nuit, a su faire ce qui était nécessaire. Mais aussi au CROSS qui répond instantanément et suit l’affaire jusqu’au bout, puisqu’il nous a appelé toutes les deux heures jusqu’à notre arrivée au port de Mindélo. De même, le service médical de Toulouse qui nous a appelé régulièrement et encore le lendemain pour savoir dans quel état je me trouvais.
Marins de tout poil, de la part du CROSS (organisme français de recherche et de secours en mer), je vous communique le numéro de téléphone où on peut les joindre à tout moment, ne serait-ce que pour leur signaler un départ pour une grande traversée : (33) 03 21 87 21 87.
Pour le reste, je passe sur les détails : j’ai contacté mon assurance qui a fait, tant bien que mal (elle n’a pas été très performante, en l’occurrence), le nécessaire pour me rapatrier afin de chercher l’origine de cette hémorragie importante. De plus, j’avais d’autres soucis de santé latents, notamment une dent qui me faisait souffrir depuis des mois et que le dentiste Canarien que j’avais consulté à Tenerife n’y avait rien trouvé d’anormal …
J’ai donc fait un séjour de quasiment 3 semaines à la maison. J’ai fait un check-up complet. La dent qui me faisait tant souffrir depuis si longtemps et qui s’est révélée cassée dans le sens longitudinal, ce qui est moins courant et pas visible à la radiographie, est partie à la poubelle. Les parois du nez ont été cautérisées par un ORL qui n’y a rien vu d’anormal. Pour le reste, les analyses montrent que je n’ai jamais été en si bonne santé !
Je suis donc revenu à Mindelo le 5 février, malheureusement sans Jean-Luc qui, bien plus jeune que moi est encore en activité et a du reprendre le travail. Je dois dire ici, que là aussi, Jean-Luc s’est révélé être un homme à l’esprit extraordinairement conciliant : lui qui était venu pour faire une traversée, est reparti comme il était venu et cette aventure lui a coûté beaucoup d’argent pour rien. Il sait qu’il peut disposer de mon bateau aux Antilles quand il le souhaite. Par ailleurs, j’ai retrouvé mon « Alliance » comme je l’avais laissé. J’ai compris que le personnel de la marina l’avait particulièrement surveillé et la direction m’a fait un forfait qui s’est révélé fort honnête pour le mois ou il est resté au ponton. C’était pour eux une première expérience puisque cette marina, construite récemment, n’est en service que depuis novembre 2007.
Quant à moi, il me fallait refaire l’avitaillement de vivre frais, compléter le plein de gas-oil et d’eau et je n’avais plus qu’à repartir, seul cette fois.
Je suis prêt à partir dès le vendredi 8 février, mais, en raison du carnaval de Mindelo (voir une jolie photo dans l’album) et du baptême chez le douanier de service (sic), je n’ai pas pu obtenir mon visa de sortie et récupérer les papiers du bateau avant le lundi 11 au matin !
Me voici donc seul en mer, depuis 12 h TU, ce lundi 11 février, après un départ en fanfare : les copains de ponton m’ont fait une ovation à coup de cornes de brume !
La traversée, c’est une autre histoire qui fera l’objet d’un prochain petit article dans ces colonnes …

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A
un petit coucou du loiretdommage pour tous ces incidents!!pourtant vous etiez en forme tous les2 au TEIDE,souvenirs pour nous...on sait par etienne que la traversée est faite,alors bravoet on attend le récit...bon séjour aux antillespour nous l'hiver se termine apres des aventures plus calmes en bateau(portugal et seychelles avant noel)quelque peu pedestres(la réunion en janvier)
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